Jeannine est
née à Loudéac le jour de la Saint Jean de Juin 1928, son frère
Louis est quant à lui né le 15 Mai 1931 ses parents , Ambroise
et Eugénie, étaient des gens très simples travaillant dans les
fermes des alentours.
Dans sa
jeunesse elle a habité un village de Saint Barnabé appelé Le
Paradis, je pense que c'était prémonitoire.
Elle a
commencé très jeune dans la vie active en travaillant dans
différentes fermes comme gardienne de troupeau, bonne à tout faire,
des métiers qui n'avaient pas d'heures pour commencer et surtout
pour finir.
Dans les
années 48-50, elle a quitté la Bretagne pour le Berry, on dirait
aujourd'hui qu'elle était une migrante économique avant l'heure
comme sont les personnes qui viennent trouver un peu de réconfort en
Europe, continent qui les a trop longtemps oublié.
Dans le
Cher, elle a rencontré Yves Glory qui lui aussi avait pris le chemin
de l'exil économique temporaire pour travailler dans les grandes
fermes comme charretier, c'est là bas qu'ils se sont mariés en 1949
à Plou, petit village charmant mais presque introuvable même avec
un GPS dernier cri.
Jeannine et
Yves sont revenus dans leur Centre Bretagne d'origine en début 50
pour ne plus repartir. De Saint Barnabé et ensuite de Loudéac.
Elle a
élevé, je devrais même dire bien élevé, Jean Yves qui a
ouvert les yeux en 1949 et Jacques qui a poussé son premier cri en
1951.
Mille
boulots, mille peines, cuisinière à la colonie Saint Maurice à
Lancieux, nettoyeuse de boyaux de porc à l'abattoir de Loudéac,
fabrication de mouches à domicile, garde barrière remplaçante et
enfin femme de ménage à la Poste.
A sa
retraite, elle s'est occupée d'Yves qui était malade et qui est
décédé en 1988 après avoir longtemps lutté puis enfin abandonné.
Sa retraite
a été bien remplie, elle a adoré voir ses deux petites filles,
Céline et Anne Sophie, venir passer une petite quinzaine à Loudéac,
elle arrivait à leur faire manger des choses qu'elles n'aimaient pas
chez elles mais c'était dans les poêles et les casseroles de Mamie
pour les pommes de terre rissolées ou les soupes de légumes
écrasés. Elle les a aussi emmené en vacances au bord de la mer
dans la presqu’île de Rhuys ou elles faisaient leurs petites folles
sur la plage de Kerjouanno.
Ses désirs
étaient très simples, rencontrer les gens qu'elle aimait et qui le
lui rendait bien en particulier Jeannine à Quessoy et Yolande à
Rouen, elle les considérait comme ses deux sœurs mais aussi toutes
et tous ses collègues de travail.
Un jour
quand même, petite lubie bien compréhensible, elle a voulu se
recueillir sur la tombe de François Mitterrand à Jarnac, le trajet
fut fait dans la journée, une autre fois, ce fut Notre Dame à Paris
et enfin descendre dans le midi voir Yolande en vacances à côté de
St Tropez, c'est lors de ce voyage qu'elle a fait, par surprise, son
baptême de l'air le jour de son anniversaire, elle qui ne voulait
pas monter dan un avion sous prétexte qu'elle avait le vertige.
Mais les
pépins de santé allaient voir le jour, ses jambes avaient de plus
en plus de mal à la porter, son cœur avait de moins en moins de
vitalité, ses poumons ne faisaient plus ce qu'ils auraient du faire.
Elle qui n'avait jamais été hospitalisé, allait faire connaissance
avec le monde médical qui a pris un soin énorme à ce qu'elle ne
souffre pas.
Malheureusement,
la maladie, l'usure, la vieillesse ont toujours bien trop tôt le
dernier mot.
Samedi
dernier à midi et demi, elle a renoncé, elle s'en est allé
paisiblement rejoindre Yves son mari et Louis son frère.
Aujourd'hui
nous sommes tous là présent ou par la pensée pour lui dire un
dernier au revoir.