Ayant été cité nommément par un élu municipal lors d'une assemblée générale d'une association loudéacienne, Jean Kergrist (Wikipédia) dit le "Clown atomique" use de ce que l'on peut appeler un droit de réponse dans les pages du quotidien Le Télégramme du vendredi 20 juin 2014.
Celui qui a été traité de "sal......", propos qui ont été rapportés par des personnes présentes à cette AG, a tout à fait le droit, non pas de se défendre, mais de remettre les choses dans le bon sens.
Certains à Loudéac font comme ces personnes qui se débarrassent de leur chien sous prétexte qu'il a la rage alors que ce sont eux qui sont de très mauvais maître.
voici le joli texte en question plutot sympa pourtant.
RépondreSupprimerJE ME SOUVIENS
-Je me souviens d’un tutoyeur bavard, qu’auparavant je n’avais jamais rencontré, me caressant l’épaule lors d’un salon du livre.
-Je me souviens du même, suant et soufflant, prenant le bras d’un présentateur télé pour faire croire aux enfants qu’ils avaient joué ensemble aux billes.
-Je me souviens, mais peut-être était-ce ailleurs et autre jour, d’un homme bouffi cramoisi, boudiné d’une veste trop étroite, passant micro à un écrivain célèbre comme s’il lui offrait sucette.
-Je me souviens, placé derrière lui, d’un autre, plus élégant, costumé d’un sourire carnassier, semblant tirer des ficelles invisibles et ne lâchant pas du regard sa créature libidineuse.
-Je me souviens que ce deuxième, qui devait sans doute être le premier, avait la mine inquiète, semblant se demander si les piles de son robot allaient tenir jusqu’au soir.
-Je me souviens avoir lu dans le journal, quelque temps plus tard, que ce même, s’appliquant à jouer au deuxième, fit monter son homme de paille à Paris pour lui remettre un diplôme dont j’ai oublié le titre, des mains d’un sous-ministre dont j’ai oublié le nom.
-Je me souviens du jour où, au premier rang de l’assistance, un enfant de trois ans avait sorti sa quéquette pendant le discours du grand tutoyeur, s’asticotant avec application, alors que la maman, subjuguée par les mots tombés de l’estrade, ne prêtait aucune attention à son enfant tourmenté.
-Je me souviens que, du haut de la scène, le gros homme suant et soufflant, faisant semblant de ne rien voir du jeune travailleur manuel du premier rang, alors qu’il rêvait peut-être d’en faire autant.
-Je me souviens voir l’homme bouffi scruter soudain la salle, invitant une vedette cycliste à monter à ses côtés, le prenant par le bras comme pour lui offrir podium olympique.
-Je me souviens des auréoles sous ses aisselles.
-Je me souviens de sa lippe humide et gluante.
-Je me souviens de son regard posé sur nous, comme si nous n’étions qu’âmes mortes, réduites à merci pour être introduites sans manière dans son urne.
-Je me souviens de son ventre, tsunami graisseux déferlant du pantalon.
-Je me souviens d’un discours se terminant par des mots décisifs : « Je regarde ma montre qui me dit que l’heure tourne et qu’il me faudra bientôt conclure ».
-Je me souviens, sans être certain des détails, avoir lu dans un journal -quelques jours plus tard ou quelque temps avant, je ne sais- que ce tutoyeur bouffi avait dépêché la police au domicile d’un administré osant lui tenir tête, pour constater que son véhicule était mal garé.
-Je me souviens aussi qu’il refusa, malgré injonction du procureur de la République, de marier deux amants de couleur, les suspectant d’union de complaisance, jaugeant ainsi leurs cœurs à l’aulne rétréci du sien.
-Je me souviens avoir lu dans un journal -sans trop bien en avoir retenu les détails- qu’il refusait désormais de répondre à son opposition, qu’il allait faire dératiser la mairie et que les nouveaux trottoirs seraient désormais rectilignes pour en faciliter le nettoyage.
-Je me souviens, mais je ne sais s’il s’agit de rêve ou de cauchemar, d’un crapaud avalant fourmis, cafards, mouches, papillons et libellules passant à sa portée.
-Je me souviens avoir oublié si ces tourments se déroulèrent la même année en un même lieu, ou s’ils durèrent vingt ans et trois millénaires.
-Je me souviens -était-ce avec mon corps, était-ce sans mon corps, je ne sais- de Néron, Ceausescu, Mobutu, Peron, Boulanger, Bongo, Poujade, Berlusconi et Ubu.
Jean Kergrist (12 mars 2010)